La vision chez le chien
- Johanna Parment
- il y a 5 jours
- 4 min de lecture
Quand on regarde notre chien, on se demande souvent : Que voit-il ? Que perçoit-il vraiment du monde qui l’entoure ? Sa perception visuelle, bien différente de la nôtre, influence son comportement, ses réactions et sa façon de communiquer. Plongeons ensemble dans l’univers fascinant de la vision canine, et voyons en quoi elle diffère de la nôtre… et de celle d’autres animaux.
1️⃣ Comment fonctionne l’œil du chien ?
L’œil du chien partage une structure de base similaire à celle des autres mammifères :
Cornée, cristallin, rétine, nerf optique… tout est là, mais avec des adaptations spécifiques à sa nature de prédateur crépusculaire.
Le chien a une rétine composée de deux types de photorécepteurs :
Les bâtonnets (vision nocturne, détection des mouvements)
Les cônes (vision des couleurs, détails)
Là où l’homme a environ 6 millions de cônes (très utile pour voir les couleurs et les détails), le chien en a beaucoup moins. En revanche, il possède beaucoup plus de bâtonnets (environ 95 % des cellules rétiniennes), ce qui lui donne un net avantage dans des conditions de faible luminosité.
2️⃣ Quelles couleurs voit le chien ?
Contrairement à une idée reçue, le chien ne voit pas en noir et blanc. Mais sa palette est plus restreinte :
L’homme est trichromate : il perçoit les couleurs grâce à trois types de cônes sensibles au rouge, vert et bleu.
Le chien est dichromate : il distingue surtout les bleus et les jaunes, mais perçoit mal les rouges et les verts.
En pratique, le rouge et le vert se fondent pour le chien en une même teinte grise/jaunâtre.
Exemple concret :
Un jouet rouge dans l’herbe verte est très difficile à repérer pour un chien. À ses yeux, tout se confond dans des tons grisâtres. En revanche, un jouet bleu ou jaune est bien plus visible.
La palette du chien :
Bleu-violet : bien perçu
Jaune : bien perçu
Rouge, orange, vert : mal perçus (se rapprochent du gris)
3️⃣ La vision du chien, c’est flou ?
Oui… et non.
La résolution visuelle du chien est environ 4 à 6 fois plus faible que celle de l’homme.
Un chien voit le monde un peu comme un humain myope : ce qui nous paraît net à 6 mètres, il le voit net à environ 1,5 à 2 mètres.
En revanche, le chien perçoit très bien les mouvements, bien mieux que nous. Une silhouette qui bouge dans le lointain attire immédiatement son attention, là où nous, humains, aurions besoin de lunettes pour y voir clair.
4️⃣ De jour comme de nuit : l’avantage du chien
Le chien est naturellement conçu pour voir dans des conditions de lumière faible (crépuscule, lever du jour).
Il a un tapetum lucidum, cette couche réfléchissante derrière la rétine qui renvoie la lumière et améliore sa vision nocturne.
C’est ce qui explique pourquoi les yeux du chien brillent la nuit quand on les éclaire.
Résultat :
Un chien peut détecter un mouvement dans la pénombre bien avant nous.
Mais il ne voit pas dans le noir total : il a besoin d’au moins un peu de lumière pour “activer” ses bâtonnets.
5️⃣ Champ de vision : le chien voit plus large que nous
Le chien a un champ de vision plus large que l’homme : environ 250° contre 180° pour nous.
Mais sa vision binoculaire (zone où les deux yeux se recouvrent, donnant la perception de profondeur) est plus réduite : environ 75° contre 120° chez l’humain.
Autrement dit, le chien détecte mieux ce qui se passe sur les côtés, mais a un peu plus de mal à évaluer les distances de façon précise.
6️⃣ Comparaison avec d’autres animaux
L’humain : L’homme possède une vision trichromatique, ce qui lui permet de percevoir une large gamme de couleurs (rouge, vert, bleu). Sa vision des détails est très précise, mais sa capacité à voir dans l’obscurité est limitée. Son champ de vision est d’environ 180°, ce qui est plus restreint que celui du chien. L’homme excelle dans la perception des détails, des formes et des couleurs, mais reste dépendant d’une bonne luminosité.
Le chat : La vision du chat est encore plus spécialisée pour la nuit. Il distingue surtout le bleu et le vert, et perçoit très mal les autres couleurs. Sa vision des détails est faible, mais il est très performant pour détecter des mouvements subtils, surtout dans l’obscurité. Son champ de vision est encore plus large que celui du chien, atteignant environ 285°.
Les oiseaux : Certains oiseaux, comme les perroquets ou les pigeons, possèdent une vision tétrachromatique : ils peuvent voir des couleurs invisibles pour nous, comme les ultraviolets. Leur acuité visuelle est excellente, et leur champ de vision peut dépasser les 300° selon l’espèce. Cela leur permet de détecter des détails à grande distance, mais leur vision nocturne est faible.
Le cheval : Comme le chien, le cheval est dichromate et distingue surtout le bleu et le jaune. Sa vision des détails est peu précise, mais il bénéficie d’un champ de vision très large, environ 350°, ce qui est une adaptation à sa nature de proie. En revanche, sa vision binoculaire est très réduite, ce qui limite sa capacité à évaluer les distances précisément.
L’aigle : L’aigle a une vision trichromatique, similaire à celle de l’homme, mais avec une acuité visuelle exceptionnelle. Il peut voir un détail minuscule à plusieurs centaines de mètres de distance, ce qui en fait un chasseur redoutable. Son champ de vision est également large, autour de 340°, mais sa vision nocturne est très limitée.
7️⃣ Conclusion
La vision du chien diffère sensiblement de celle de l’homme : moins précise dans les détails, limitée dans les couleurs, mais bien plus performante dans la détection des mouvements et dans des conditions de faible luminosité.
Comprendre cette perception unique permet d’adapter l’environnement et les interactions au quotidien : choisir des jouets aux couleurs mieux perçues (jaune et bleu), éviter de se baser uniquement sur des signaux visuels subtils, et privilégier une communication qui passe par la gestuelle et l’intonation de la voix.
Enfin, il est essentiel de garder à l’esprit que, même si la vision du chien n’est pas aussi développée que celle de l’homme ou d’autres espèces, elle est parfaitement adaptée à ses besoins. Le chien perçoit le monde à travers un prisme qui lui est propre, et il s’appuie sur une combinaison de ses sens – vue, odorat, ouïe – pour interagir avec son environnement.
Apprendre à se mettre à sa place, c’est mieux comprendre son comportement, ses réactions et ses capacités, et ainsi construire une relation harmonieuse et respectueuse.



Commentaires